Le Compagnonnage Routier

Devenir Compagnon-Routier

1 – Quel engagement ?

A travers l’engagement du Compagnonnage, tu marques ton adhésion à la Route, ce qui signifie que :

  • tu t’engages à participer aux activités et à la vie du Clan
  • tu te donnes les moyens concrets pour progresser personnellement vers le Départ Routier

L’un et l’autre sont intimement liés : les activités que tu vis au Clan ont du sens dans la mesure où elles t’aident à te construire personnellement pour ta vie d’homme.

2 – Quand le prendre ?

Au cours de ta première année au Clan, tu comprends ce que te propose la Route : des activités autour de l’aventure, de la vie spirituelle et du service. Tu dois alors être en mesure de répondre à la question  « Veux-tu être routier ? ». Si la réponse est oui, ce sera l’engagement Compagnon-Routier.

Au plus tard, tu t’engages lors du Rassemblement National des Routiers à la Toussaint de ta deuxième année.

3 – Quels moyens ?

  1. Tu choisis un parrain pour t’accompagner sur ton chemin de progression.
  2. Avec ton parrain, tu prends le temps pour t’arrêter et faire le point sur ta vie pendant les 24 h de la route.
  3. Tu rédiges une lettre de compagnonnage lors de ces 24 h qui décrit la réflexion que tu as menée et qui aboutit à trois engagements concrets pour avancer dans ta vie.
 “Quels moyens ?”

Trois engagements

Pour ton compagnonnage, tu prends trois engagements concrets. Concrets car adaptés aux engagements que tu as déjà pris, à tes qualités, à tes goûts et à tes limites.

  • Un engagement envers toi-même : sur ton hygiène de vie, ton attitude, etc.
  • Un engagement envers les autres : un service personnel, à ta mesure, que tu rendras régulièrement.
  • Un engagement envers Dieu : lecture de la Bible, prière personnelle, etc.


4 – Le parrain

 « Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. » [Luc 24, 13-15]

Pourquoi un parrain ?

  • Parce que le regard en vérité d’un grand frère t’aidera à mieux te connaître et ajuster ainsi tes trois engagements de compagnonnage,
  • parce ce que l’itinéraire de compagnonnage est une route inconnue pour toi, et que tu as besoin d’un guide pour te montrer le chemin,
  • parce que l’expérience d’échange profond et fraternel que tu auras avec ton parrain sera une source pour construire ta vie d’adulte.

Quelle relation avec ton parrain ?

  • La relation de compagnonnage commence lorsque tu demandes à un « grand frère » d’être ton parrain, avant de prendre ton engagement de Compagnon-Routier.
  • Vous vous rencontrez pour échanger simplement sur ta vie, tes aspirations et tes difficultés.
  • Tu lui écris alors une lettre de compagnonnage dans laquelle tu lui dis où tu en es, les raisons profondes pour lesquelles tu te mets en marche vers le Départ, et les axes d’efforts concrets que tu choisis pour progresser. → voir le Road-book des 24h pour des conseils sur la rédaction de cette lettre.
  • Entre ton engagement Compagnon-Routier et ton Départ, vous vous rencontrez régulièrement pour faire le point, c’est-à-dire :
    – voir comment tu tiens les axes d’efforts fixés dans ta lettre de compagnonnage, et quels nouveaux points tu peux te fixer à présent,
    – discuter sur les questions que la vie quotidienne te pose,
    – échanger profondément et dans le détail sur chacune des questions posées dans le cérémonial du Départ Routier.
  • Les rencontres peuvent prendre fin lorsque tu prends ton Départ Routier, ou continuer ensuite si tu le souhaites, car cette relation peut t’aider à éclairer la suite de ta Route.

Quel profil pour ton parrain ?

  • Un homme d’expérience par rapport à toi : idéalement quatre ou cinq ans plus âgé que toi. S’il est au Clan, il est RS ou CR en chemin vers le Départ.
  • Un chrétien qui vit les exigences de la Route au quotidien de sa vie d’adulte engagé.
  • Un homme en qui tu as confiance, qui voudra et saura t’aider à grandir.
  • Un homme qui a compris ce que proposent la Route SUF et l’engagement du Départ Routier.
  • Un parrain n’est pas un père spirituel : le rôle du père spirituel est de t’éclairer dans ta relation à Dieu, celui du parrain de t’ouvrir à la manière de vivre ta vie quotidienne en Routier. Ces deux regards sont complémentaires.

5 – Les 24 h de la Route : un temps pour toi

24 h pour toi, pour prendre le temps que tu n’as pas l’occasion de prendre dans ton quotidien.

Pour creuser en toi et aller chercher les trois engagements sur mesure, à ta seule mesure, qui te permettront de progresser. Tu prends d’abord ce temps pour réfléchir sur toi et te poser, mais comme il est plus facile de cheminer avec un compagnon, ton parrain t’accompagne dans les débuts de ta marche, environ deux heures, pour t’aider à discerner et te conseiller. Le soir venu, au coin du feu, est alors le temps privilégié pour écrire ta lettre de compagnonnage.

Tu pourras vivre ces 24 h :

  • avant ou pendant une activité de Clan (WE de Clan, camp d’été)
  • au Rassemblement National des Routiers à la Toussaint si tu as déjà vécu une année de Clan.

Reporte-toi au Road-book des 24h pour te préparer à vivre cette grande étape.

Si tu es chef ou assistant à la Troupe et que tu n’as pas encore pris ton compagnonnage le mieux est d’en discuter avec ton chef de Troupe. Même si les 24 h semblent difficiles, elles ne sont pas nécessairement impossibles ! Après tout, un chef qui veut faire progresser ses scouts ne doit-il pas lui-même veiller à prendre le temps pour progresser ?  

Si tu es chef ou assistant à la Troupe et que tu as déjà pris ton compagnonnage, nous t’invitons à préparer ton Départ Routier grâce au 48 h de la Route : c’est un outil unique pour souffler un peu et envisager ton avenir ! Enfin un peu de répit entre la Troupe, les études, les amis, la famille, etc. !
En revanche, les 24 h et les 48 h ne doivent pas  « bloquer » la prise de ces 2 engagements. Si tu penses que tu es  « trop vieux », ou que ce n’est  « pas pour toi », le mieux est d’en discuter avec ton chef de Troupe (ou le chef de Clan) qui t’aidera à faire le discernement nécessaire. L’essentiel, pour préparer ton compagnonnage, est de prendre un temps de réflexion sur toi sous le regard bienveillant de ton parrain.


Vivre le compagnonnage

Les disciples d’Emmaüs nous le rappellent : le compagnonnage est d’abord une marche. Aussi, concrètement, le compagnonnage ne s’arrête-t-il pas au court cérémonial vécu en Clan. Celui-ci est une « mise en Route » :

  • La lettre de compagnonnage ne doit pas être oubliée, rangée dans un tiroir : tes engagements de vie qu’elle contient sont un cap à tenir. Mais attention ! Tout n’a pas été dit dans cette lettre : de nouveaux choix, concrets, peuvent être pris avant (comme après…) le Départ Routier. On ne te demande pas, à 18, 19 ou 20 ans, de connaître déjà avec une lucidité parfaite ta vocation d’homme. Ta lettre est donc à la fois une mise au point et une mise en Route. Elle est appelée à évoluer avec ton vécu.
  • Pour t’aider à y voir un peu plus clair, ton parrain reste, avec le chef de Clan, l’interlocuteur privilégié de ta progression scoute. Il n’est pas seulement là pour recevoir ta lettre…
  • Enfin, puisqu’un routier « ne se paie pas de mots », le service personnel et régulier, comme la prière, est le signe tangible de ta vie de routier au quotidien et la marque d’un vrai Compagnon-Routier.
  • La fidélité aux engagements de ton compagnonnage est un tremplin vers l’engagement de ton Départ Routier.  « Qui est fidèle en très peu de chose est fidèle aussi en beaucoup. » (Luc 16, 10)

Servir, servir, facile à dire

Et il est si facile de servir, par exemple, à Lourdes, en pèlerinage ou en camp. On y est tous en même temps, le cadre porte, on sait bien que ça ne durera pas : c’est l’effort de l’année, bel effort d’ailleurs. Mais de retour chez soi… De retour chez soi, on contemple avec un dégoût profond la pile de repassage qui attend, vacillante, la vaisselle baignant dans son jus, le placard à balais et le tuyau de l’aspirateur à son clou pendu. Là, forcément, c’est beaucoup moins enthousiasmant.

Le quotidien du service est l’humilité du service

Rendre service, c’est vraiment donner tout notre temps aux gens qui nous entourent. C’est un don gratuit et total, parce que le service est un acte d’amour. Amour de celui que tu sers. Si tu ouvres les yeux, tu remarqueras autour de toi toutes les personnes qui n’attendent que ton sourire, ta compagnie un peu de temps ou un simple regard d’amour. Il n’est alors plus question d’emploi du temps surchargé ou de soirées imminentes… Le routier qui manque d’idées de service est un routier aveugle, aveugle à l’amour que le Christ a mis en lui.

Être disponible : voilà le secret

Être disponible, c’est se tenir prêt à recevoir sa mission d’un autre. Ne pas toujours se dire : « J’ai autre chose à faire ». Quoi d’autre ? Servir est toujours plus important que tout !

Le poids des gestes

Pour connaître l’importance du service quotidien, il suffit de le faire. De le faire bien. Lentement. De savourer la chose. Son poids, sa durée, sa répétition. Les actes qui pèsent le plus sont toujours les plus importants. Et qu’importe si, un quart d’heure plus tard, le couvert est défait, la vaisselle de nouveau salie ; le poids des gestes reste, car lui seul, au fond, compte.

Et surtout, ce poids des gestes rétablit l’ordre véritable des choses : ce ne sont pas les plus humbles, les moins importantes, ni les plus obscures, ni les plus médiocres. La vérité est ailleurs, la vérité est humble. Le service quotidien, c’est le bain de réalité de chaque jour. Je passe la serpillière : je suis aussi près de la vérité que possible. Et la seule vérité, c’est celle de Dieu.

Service égale charité, charité égale amour en gestes. L’amour est une grande chose, mais humble. L’amour passe par la petitesse, comme Dieu (Amour) est passé par la petitesse : la condition d’homme du Christ. Dans le service quotidien, il y a l’humilité et la pauvreté, mais aussi une fraternité vraie, une fraternité de gestes, d’efforts, de sueur.

« II faudrait si peu de chose pour que des vies honnêtes deviennent des vies saintes. Simplement un plus grand amour de Dieu, une plus grande soumission à sa volonté, la pensée du sacrifice et la perfection dans les moindres actions quotidiennes. C’est tout. » (Guy de Larigaudie – Le Service Notre Aventure).

La petite porte

C’est la petite porte de la sainteté : celle qu’on ne voit pas ; le principe qu’on voudrait oublier tellement il paraît plat : Le devoir du scout commence à la maison. Cette petite chose (mettre le couvert, porter quelque chose à un copain, traverser la moitié de la ville pour aller faire un cours de soutien à moitié inutile, et n’en attendre même pas de remerciement) dissimule son importance dans sa petitesse. C’est aussi demeurer à sa place, ni plus haut, ni plus bas, en toute humilité. C’est enfin rester libre par rapport à toute convoitise d’avoir et de pouvoir, afin d’être à tout instant prêt à répondre à l’appel.

Alors, routier, secoue ta paresse, lève-toi et prends cette serpillière ; personne ne le saura et personne, sans doute, ne te remerciera. Mais tes mains et tes bras – et ton cœur – seront comme ceux du Christ, ton frère.

Le service personnel

Rendre personnellement un service est indispensable pour être pleinement routier. Pour un compagnon-Routier, le service personnel va de soi, le service personnel va sans dire… Le routier n’est-il pas « toujours prêt pour servir » comme le dit sa devise ?

En effet, apprendre le don de soi est l’enjeu de la Route : « donne à manger à ceux qui ont faim, à boire à ceux qui ont soif, l’hospitalité à qui frappe à ta porte, un vêtement à ceux qui n’en ont pas ; visite les malades, assiste ceux qui sont en prison, et si tu es persécuté pour Jésus-Christ, ne prépare rien pour ta défense, car ce que tu auras à dire te sera inspiré au moment même », redit le cérémonial du Départ Routier.

Cet apprentissage de la charité est le chemin du Routier. Il passe par le don de son temps, l’attention portée à autre chose qu’à sa personne, le souci gratuit de l’autre, l’humilité qu’on en retire, la fidélité de l’engagement : tels sont les critères à retenir. La gratuité surtout est au cœur du service. Ce qui n’empêche pas – au contraire ! – d’y trouver son épanouissement. Il faut privilégier le service rendu personnellement à un service en Clan (qui peut s’y ajouter ponctuellement) car il marque un véritable engagement de la personne, même si la vie de Clan reste la priorité.

Pour trouver un service à rendre selon les critères énumérés ci-dessus, ce n’est pas la peine d’aller au bout du monde ! Ils sont des milliers autour de soi, et pas uniquement – mais aussi – dans les associations humanitaires et caritatives.

Accepter une responsabilité dans un groupe de la paroisse, une association politique, en plus des activités scoutes, une animation liturgique ou tout simplement des gestes de sympathie renouvelés auprès d’un camarade de classe ou de travail exclu par la majorité de ses collègues, sont autant de services concrets à rendre personnellement. En parler avec le chef de Clan et l’aumônier aide à faire un choix objectif qui pousse le routier toujours plus loin.

Le chef de Clan doit veiller à la persévérance des Compagnons-Routiers dans leurs services, les réconforter au besoin et chercher à harmoniser au mieux ces services disparates avec une vie de Clan fraternelle et active.